Innovation : comment incentiver les équipes ?

La performance de la chaîne d’innovation est directement à l’écosystème managérial et RH

    

"Dans les démarches d’innovation, on parle régulièrement d’enjeux stratégiques, de techniques de créativité, de tests utilisateurs, et propositions de valeur, etc. un enjeu est je trouve moins souvent abordé : celui du management des équipes qui constituent cette chaîne de valeur (voire du volet RH).
Cette question est pourtant essentielle. Pour être direct, comment évalue-t-on au sein de l’entreprise la contribution d’un membre de la R&D, de l’innovation ou du marketing ? Je ne vais pas entrer dans le détail de chacune de ces fonctions car cela relève naturellement d’une culture qui est propre à l’ADN de chaque entreprise, je veux juste opposer deux grandes logiques qui existent dans la chaîne de lancement et voir quelles implications concrètes elles peuvent avoir sur la qualité réelle de la chaîne de valeur.
 
Un angle économique :
Parmi l’ensemble des critères qui permettent d’évaluer la chaîne de lancement, l’un d’entre eux peut être la capacité à contribuer à des offres de produits ou services qui au final enregistrent un succès réel sur le marché. Un succès réel sera par exemple un succès en ligne ou assez proche du business plan :

  • Point positif : l’exercice du business en amont a davantage de chances d’être travaillé pour être réaliste plutôt que largement sur-prometteur et fondé sur des cibles trop larges et floues,
  • Egalement, cette mécanique invite fortement les équipes à interroger le plus en amont possible les territoires d’opportunités (les attentes de leurs cibles) correspondant aux propositions qu’elles veulent lancer,
  • Un point de difficulté : le succès réel d’une offre est souvent la combinaison de plusieurs facteurs dont chacun des membres de la chaîne de valeur ne maîtrise qu’une partie.

 
Un angle interne :
Autre approche, fixer des règles internes de respect de la gouvernance de la chaîne de valeur : respecter les procédures et les jalons internes de lancement, alimenter régulièrement le pipe d’innovation de nouvelles initiatives, bref, lancer des offres, régulièrement et avec agilité :

  • Point positif: cette approche fixe des objectifs internes atteignables, un bon chef de produit par exemple, est un chef de produit qui lance des projets dans le pipe. Cette approche dynamise la logique de lancement,
  • Point de difficulté : une possible déconnection avec les débouchés commerciaux réels. Si par exemple, les chefs de produits ou les responsables d’innovation sont incentivés au nombre d’initiatives de lancement qu’ils entreprennent, le pipeline d’innovation est alors engorgé par des projets de maturité inégales. Prendre le temps d’étudier les opportunités et les attentes consommateurs, dans un tel cadre revient à ralentir la capacité à enchainer des lancements. Et de fait, les projets les mieux aboutis se retrouvent en concurrence interne avec des produits moins étudiés, que l’on n’aura pas arrêté dans leur élan : car personne n’aura vraiment intérêt dans la chaîne de lancement à trop hiérarchiser les projets si c’est ce volume de projets qui devient un KPI interne de « succès ».


D’un côté donc, une logique 100% marché basée sur le ROI du lancement, qui peut être difficile à  « vendre » aux équipes car économique vertueuse mais probablement injuste au niveau de chacun des maillons de la chaîne pris isolément,


D’un autre côté une logique 100% interne, qui favorise des comportements presque administratifs et bureaucratiques et créé l’engorgement de la chaîne de valeur et la fragilisation des projets à fort potentiel.


Un mécanisme d’incentive adapté doit donc tenir compte à la fois des leviers d’action individuels internes, qui sont différents pour chaque fonction (R&D, innovation, et marketing), mais aussi, -probablement en collectif - du succès économique du lancement.

Il faudra donc en fixant de tels objectifs des équipes bien évaluer les conséquences comportementales et économiques qu’un tel écosystème va générer. Il y a clairement un volet managérial et RH sur ce sujet."


    

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